Le collectif soignant d'une clinique psychiatrique humaniste souhaite devenir une Société Coopérative (SCIC)

Retours d’expériences

(Manon H.)
Déception : difficulté du travail en collectif, qui nécessite de travailler avec les autres et avec soi-même. Il s’agit aujourd’hui de rebondir et d’avoir d’autres idées.

(Corentin B.)
Chagrin et colère : très heureux d’avoir fait partie de l’aventure très intense et enrichissante, beaucoup de travail, de conciliation avec les autres, beaucoup de découvertes.

(Sylvie C.)
Pour tout ce que vous défendez, on vous soutient” ; résistance exceptionnelle, démocratie, utopie, à l’heure actuelle, il faut continuer à défendre les valeurs portées par cette démarche, et à l’intérieur de l’institution. “La psychiatrie classique empêche le lien“.

 (Alain L., Prométhée Cap Emploi)
Je serai toujours là à vos côtés“. Notre projet, c’est de porter de l’espoir et de l’espérance pour accompagner en situation de handicap.

 (Gaël M.)
Au début, je n’y croyais pas, mais j’ai un sentiment de fierté d’avoir pu se rassembler pour créer ce projet, on a appris à travailler ensemble. Mais j’ai la sensation de ne pas avoir eu de chance, et d’avoir manqué de temps pour poser des bases assez solides.“. Grand soulagement quand ça s’est arrêté. Aujourd’hui c’est le temps de faire le deuil du projet.

(Thierry M.)
Tristesse de cette journée, mais expérience merveilleuse, un beau rêve. Envie de préserver une expérience où l’individu est mis en valeur. Un important travail de réseau a été réalisé dans ce projet, qui a pu donner des idées aux autres.

 (Jean E.)
Réflexion autour des causes de l’échec : la partie était pipée. Nous avons manqué d’un récit, d’un imaginaire de la coopérative, et nous n’avons pas réussi à travailler cela avec les collègues plus en marge. Le vendeur a été surpris, mais il avait déjà son avis à lui (stratégie du parapluie). Aujourd’hui la clinique ne sera plus jamais indépendante. Peu d’échanges avec le vendeur pendant le projet, on aurait pu ou dû forcer la porte et repenser le rôle de la commission “relation avec le vendeur”. Le rapport de force a été conflictuel et difficile à instaurer

(Oppelia 41, Denis R.)
Le projet de SCIC est une co-construction d’un autre type de gouvernance, différent du modèle d’entreprise avec la subordination (qui ne peut pas soutenir nos démarches de soin). Introduction d’empowerment des gens avec lesquels on travaille. Il faut imaginer une approche avec un récit, une mythologie humaniste, pour résister aux grands groupes entrepreneuriaux qui imposent leur modèle.
Référence au C.A.L.M (constitué en coopérative).
Cette expérience (de la SCIC) est une étape à capitaliser avec les différents partenaires pour inventer cette nouvelle gouvernance, porteuse de sens.

Aspect financier : viabilité de la clinique future, solvabilité des repreneurs?
La dissolution de l’association est-elle prématurée ?

(Alain G.)
Les dés étaient pipés : l’idée de la SCIC était belle, mais la décision du vendeur était déjà prise. Pas de confiance du vendeur dans les salariés. Incompréhension, abasourdi par rapport à la position du vendeur. Le cabinet bancaire = écran pour bloquer toute velléité des salariés.
Préserver la Chesnaie financièrement : c’est ce que la Chesnaie a toujours fait, on s’est battu contre les instances parce qu’on a fait valoir l’intérêt de la démarche (la PI). Le projet a été un tour de force, avec une mobilisation impressionnante, dynamique. Qu’est-ce qui explique l’engouement, à l’international, c’est que la Chesnaie est un monument.
Pas de regrets à avoir : la mobilisation a donné des résultats et un engagement ; le vendeur n’a rien vu ? Et du coup, qu’est-ce qu’il a vendu ? La Chesnaie et sa force de travail. Quelle garantie l’ER donne là-dessus ? Que va devenir la Chesnaie ?
Quelles modalités d’action ?

Que deviennent les soignés et les soignants ? Surtout les soignés ?
Qu’est-ce qui va changer ?

(Gwenvael L.)
Il n’y aura sans doute pas de révolution dans l’immédiat.
Une fondation a vocation à grossir (la Chesnaie = 38è établissement de l’ER)
Certains pensionnaires ne verront pas de différence, les soignants sans doute oui (déni de l’échange, opacité dans les modalités de prise de décision).

Qu’est-ce que ça veut dire qu’un certain nombre d’acteurs se sont démotivés ?

(Jean G.)
Depuis 8 ans, constat d’une dégradation des conditions de travail (baisse d’effectif impacte sur le travail en équipe).
Il manque de la parole, de la transmission.
L’échec du projet de SCIC met en lumière un clivage dans l’équipe (pré-existant) ⇒ climat délétère (soins, travail en équipe, santé mentale des soignants), désunion sur la façon de travailler et de voir l’avenir.
Construire une SCIC, c’est devenir son propre patron, or une partie de l’équipe se satisfait du confort d’être simple salarié ; ça donne raison au vendeur. Est-ce qu’on aurait réussi à dépasser tout ça ? On aurait été capable de grandir, parce qu’on était bien accompagné, mais on ne le saura pas !
Néanmoins, il y a des cartes à jouer avec la venue de l’ER, qui a promis monts et merveilles.
Maintenant, il faut prendre le temps de se poser, de parler du soin, de l’écrire, et d’aborder la question du climat existant.

(Saumery)
Qu’est-ce qu’on fera quand ça nous arrivera ? on pense beaucoup à vous !
Le retour d’expérience est précieux.

(Jean-Luc B.)
Merci. Admiratif sur ce qu’on a tenté de faire. Chef d’entreprise qui aurait espéré passer le flambeau à ses salariés.

(Lucile M.)
Violence de ce qui s’est passé. Quel(s) effet(s) ?
La modalité de la vente, cabinet de finance : pas neutre.
La non-reconnaissance et le refus de la transmission : qu’est-ce qui a été vendu ? L’ER a acheté une marque, est-ce que JLP s’en est rendu compte ?
Les Chesnéens actuels ne se sont pas rendu compte de l’élan d’espoir que le projet générait à l’extérieur, pour des professionnels soignants qui travaillent dans d’autres lieux (auto-gestion vs perte de sens).
Mécanismes de gestion patriarcale intériorisés depuis longtemps. Discours du vendeur : « on n’est pas capables » ? Il sous-estime les capacités du collectif, nonobstant les handicaps du collectif.
Par rapport au syndrome du petit village gaulois, pas assez ouvert sur l’extérieur, le projet a été un formidable élan d’ouverture : réfléchir à comment on maintient ça.

(Maud M.)
Surprise de l’énergie déployée, de la créativité, (malgré la violence du processus de vente), regret que le vendeur ne se soit pas saisi de cet élan.
Qu’est-ce que la PI ? Débats à l’extérieur, surprise de la mobilisation à l’extérieur. La Chesnaie et ce qu’elle représente touche beaucoup de gens
Très peu politisés à la Chesnaie, à titre personnel, prise de conscience de l’importance de cette politisation.
Grève symbolique, ok, mais c’était la première fois à la Chesnaie ! Ça a été difficile, mais c’est marquant, ça requestionne ce qui est institué (il y a beaucoup de choses qui n’ont pas évolué depuis longtemps).
On est bien équipés en termes d’outils de soins, mais il y a un confort où on ne questionne plus ça, et ce projet a permis d’ouvrir ce questionnement.
Reconnaissance de l’aventure, des rencontres, du réseau, espoir qu’on pourra l’entretenir.

(Angélique U.)
Communication coupée avec le vendeur dès le départ, difficile à gérer.
Communication vis à vis des pensionnaires : quelles réponses leur donner sans amener de craintes (ne pas exprimer notre ressenti, nos émotions, nos propres craintes)? Éviter le mensonge tout en restant transparent. Il nous a été reproché d’instrumentaliser les pensionnaires, c’est resté en travers de la gorge.
Beaucoup de moments “soudés” : riches d’ouverture, mais aussi de tristesse et de colère.

(Tatiana J.)
Merci pour l’engagement pour les pensionnaires, quand on sait tout ce qu’il se passe en psychiatrie. Pour les parents, la Chesnaie, c’est un lieu d’espoir, et au-delà, si on réfléchit à l’état de la société.
Au début de la SCIC (septembre), on entendait des frustrations, des angoisses, mais aujourd’hui c’est une source de force et de satisfaction, paradoxalement. Ça donne de l’espoir. Vous êtes en première ligne, c’est vous qui avez souffert, mais ce n’est pas une défaite, c’est une source de résilience.
Il y avait des clivages ? c’est peut-être une bonne chose, le directeur avait peut-être raison de vous titiller : « Unissez-vous, soyez plus fort ! » (à son corps défendant).
Opportunité de redémarrer, il y a un tel potentiel à vous entendre. Quelque chose naîtra de ce contretemps !
Confiante en entendant les témoignages, car beaucoup de force et de retours positifs, cela donne de l’espoir.

(Emmy C.)
En tant que pensionnaire, ce changement n’est pas sans conséquences pour les pensionnaires. On entend les inquiétudes des moniteurs (un moniteur inquiet, c’est des pensionnaires inquiets). On est parmi les premiers concernés. On se passera pas d’action pour maintenir quelque chose de ce qui s’est passé. C’est filandreux. En tout cas, on est nombreux à la chesnaie à être très fiers de nos moniteurs.